vendredi 26 février 2010

Animal de compagnie







But oh! that deep romantic chasm which slanted
Down the green hill athwart a cedarn cover!
A savage place! as holy and enchanted
As e'er beneath a waning moon was haunted
By woman wailing for her demon-lover!”
Coleridge – Kubla Khan
 





















Je veux qu’il fasse toujours nuit en moi !
Soyez un peu fantasques, mes yeux, mes lâches et déclinants seigneurs,
Retirez vous.
Mes épiphanies ne sourdent que dans le bois de mes paupières.

Évanouie un soir, j’ai vu
Une seule montagne ferrique et hallucinée
Tranchée par un poignard tombé depuis                                       
Dans le creux de son abîme :
Un lac bleu et gelé, resserré sur lui-même
Comme une sombre murène ou un suaire farouche.

Sa surface est froide, inconsciente de moi,                             
Luisante - l’œil blanc et révulsé d’un rêve
Occupé aux transes d’un hôte antique
Son premier et cher rêveur.
Des fleurs s’y veinent, tendres, gratuites,
Et étrangères – Et le tunnel de leurs racines
Fore la glace
Épuise et boit les eaux latentes à l’intérieur.

Et mon intuition interdite
Écoulant son venin tout au long de leurs tiges
Le pénètre et le sature
Comme l’ombre du dormeur, revenant dans sa gorge
La peuple de toux.

Des sirènes englouties… !
Des épaves et des haches enfouies à l’oblique
Des palais, des enclaves, des caves originelles
Des lourds précipices
Crépuscules scéniques aux lampes précédant
Les poissons souterrains qui passent entre les eaux.

En m’éveillant mon amour, d’un éveil encore intérieur
J’ai vu dans ma tête l’eau de ton œil durcir
Comme bleui de mes coups,
Et j’ai détruit toutes les lumières du plafond de ma chambre
Pour faire taire leurs terribles cris
Ils résonnaient toujours quand la main qui hante sous ma peau
Baissa les nénuphars de tes yeux.



1 commentaire:

  1. Ces mots sont un cadeau -ou plus simplement ce poème est très beau.

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