lundi 4 avril 2011

Εὐρυδίκη

"And I've known them all already, known them all
I've known the evenings, mornings, afternoons
I've measured out my life with coffee spoons
I know the voices dying with a dying fall
Beneath the music from a farther room
And how should I presume"
TS Eliot - The lovesong of J. Alfred Prufrock



Yeux étoilés et pourrissants
Où rien ne - - -
Rien que
Le dos du temps découpé,
La cendre amère et démentie

C’est un jeu que l’on joue
Accroupi, des épingles dans les genoux
Dans les cheveux des brassées d’orties
Temps-automne
Temps-feu temps-rouille
On peut le briser, l’éventrer, l’écumer
Au moindre vacillement tu pourris
Luciole vitrifiée ---
Démangeaison

I am a tottering movie I burst in images in poses I am dancing amongst
The flickering glasses, the screen-pools of light the swirling rain
I am old I am the dying event of light and everyone is watching
I am an own baby, old (and I am only nineteen) –
And frankly I don’t care much to be cared of
I of the vertigo but my solipsist mouth won’t tell the only enigma
I won’t tell you! – Because I don’t care much to be cared of.
Yet I am being waited for next to the gutter some puddles further
With administrative smiles, lipstick mouths, and peanuts


Dépêche-toi – c’est la démangeaison la rage
Les plaies égrenées
Les mûres dans les broussailles
Et toi tu t’arrêtes et tes lèvres sont mauves et mouillées
Mais tu t’arrêtes et les mains pleines - - -
L’hiver la neige bat et déteint sur tes tempes
Elle te contamine.
Je ne vois plus ton visage tourné
Tes cils bruissant tes mains vitrifiées vives,
Lampyre valsant dans un vase,
Perpétuel.

mardi 22 février 2011

Ada

Peut-être était-ce dans un autre automne, quand la réalité chutait en feuilles souples et cuivrées sur ses épaules, mourait dans ses cheveux avec tant de réserve qu’il n’y avait plus pour perpétuer ses mains que des émois négligents, que la fumée du monde.
Peut-être était-ce dans une irréalité provisoire, de saison, non moins coupable pourtant d’avoir créé un précédent à la rouille qui lui mord les poignets aujourd’hui, une complaisance.
Et pourtant, comme il était heureux l’air de ce temps-là, avec quel abandon il liait sa légère froideur, sa morphine, aux jours de fête, se frottait aux robes soyeuses et perverses – cela se passait tous les soirs d’Automne, dans un squat du fond des bois, plutôt lumineux, noir de monde dès 21 heures ; on avait voulu lui donner quelque chose de très bath, ajouté des fauteuils, des photographies. Il restait que ces lieux versaient dans une complaisance si érotique, se laissaient si bien émouvoir, user par des épaules anonymes et leurs irrévérences, qu’on ne voyait plus rien que des gestes abandonnés, et le brillant de l’alcool sous les veines. De ces soirs-là, elle ne peut plus convoquer que quelques images de lâcher-prise, d’un esthétisme trop conventionnel pour être celles qui ont su s’incuber ainsi dans toute la nuit qu’ils avaient devant eux, dans le sommeil des autres saisons.
« I’m too fond of you, charming girl »
Mais peut-elle concéder plus de réalité aux mots qu’aux images ? N’est-ce pas elle qui les imagine trop tard, très seule ? Il fût un temps où elle consentait à l’oubli plutôt qu’à faire raisonner sa mémoire, où elle craignait même que les images ne la fouillent comme des ronces et ne la réduisent à une seule veine de la réalité, alors qu’à présent son imagination reprend la complaisance de cet automne en romanesques variations d’elle-même.
« Oh, Ada, charming girl »
Ils étaient très jeunes tous les deux, cet Automne, à courir chaque soir aux fêtes du squat – elle n’avait pas dix sept ans, elle était très mince, et quand elle avançait dans le bois, elle avait encore l’habitude de laisser trainer son bras gauche en arrière un peu plus longtemps qu’il n’eut été naturel, de façon à étirer le fragment de peau blanche entre la ligne de son épaule et la bretelle de sa robe et à bomber son petit abdomen gracile. Lui, elle ne le regardait même pas, tant leur accord était brillant, tant il se passait d’attention amoureuse – il y avait cette négligence jusque dans leurs mains sœurs et enlacées. Une fois sur place, ils se parlaient à peine, se retrouvaient à la fin de la nuit. Elle était impudemment plus saoule que lui, et la nuit n’avait pas pour elle cette noirceur qu’on lui accorde, la couleur de rien d’ailleurs ne passait celle de ses yeux, l’or ivre et égoïste de ses yeux. Leurs étreintes à l’aube ne rendaient pas de comptes de la fête passée, que la prochaine rendrait moins coupable – il incombait au creux aveugles de leurs épaules, à ses mains descendant sur ses hanches de les absoudre, et aucun amour n’était plus sincère que celui qui naissait dans les tubéreuses fragiles que parodiaient leurs lèvres, sur leurs bras, sur leurs hanches, et aucune étreinte plus libre que celles que les noces éreintantes de la nuit d’avant avaient obligées.
«Arrête toi un instant, et dis-moi, s’il te plaît
Pourquoi tant de beauté te fait-elle pleurer ? »
Mais cette Ada nocturne n’était-elle pas plus trompeuse encore que la liberté qu’elle s’était promise et dont elle ne trouva qu’un avatar cruel, dans l’oubli, dans des bras obscurcis, embrumés par la nuit rousse de ces murs? Si loin d’Ivan…  Si loin de lui et si fugitive qu’elle se croyait un peu plus rendue à elle-même à chaque main où se prenait sa taille, à chacun des yeux qui l’investissaient de la beauté qu’on ne trouve qu’aux plaisirs équivoques –et rien ne la laissait plus libre que de savoir que ceux d’Ivan fouillaient de leur lassitude d’autres gestes, d’autres tournures, en leur présumant peut-être un droit au bonheur à plein temps… Mais Ivan n’avait finalement pas plus de réalité à donner à cette Ada défaite par la nuit, aux mains fumeuses et foisonnantes, qui accordait son rire au bon ton du soir, qu’à l’invariable girl d’avant, qui pleurait amèrement contre son corps le sentiment de ne pas même pouvoir lui retirer l’estime qu’elle avait d’elle-même ; et il lui faisait bien sentir par ses négligences, lorsqu’il lui désirait d’autres étreintes et se glorifiait avec elle de ses succès frondeurs, qu’elle ne pouvait se délacer de lui, qu’il était aussi maître d’elle qu’un oiselier tenant sa proie encordée, et la retirant au moindre de ses cris de la scène où il s’en joue.
« Sa peauIl est mort ! »
Et ce cri-là, qui donc l’avait poussé ? Qui avait touché le mort, et comment cet automne pouvait-il être coupable, et ses crimes pérennes ? Elle entend encore ce « Il est mort ! », et  la déférence maladroite des robes bruissant autour d’elle – et l’éréthisme des pouls ivres, soudain moins flatteur, moins drôle.  Comme les sons lui vrillent les tempes en retournant auprès d’elle, un an après, alors qu’elle reste assise de longues heures sur un fauteuil où jamais personne ne s’est assis cet automne, incapable de se dépêtrer de ce velours crevé, de cette nuit gisante où ni la fête ni le for amoureux n’ont plus droit de cité -
Car elle n’était pas si noceuse avant ce coupable automne, elle n’avait rien d’une enfant, très peu d’une Ada, lorsqu’elle passait ses journées dans la chambre d’Ivan, les rideaux tirés, à refuser d’apprendre d’autre credo que le souci tendre qui passait de ses mains aux siennes pour y feutrer ses névroses, ni de considérer d’autre jour que celui qui se faisait en eux à force d’étreintes et de dialogues brillants, crâneurs – les seuls d’ailleurs qui eussent pu permettre à l’époque l’analogie avec l’Ada de Nabokov. Une sorte de scrupule d’amour-propre l’avait prise à la longue, et la terreur de s’être à jamais réservée à la seule indulgence de Van, de s’être exclue de la lumière du monde, qu’ils avaient peu à peu retrouvée au squat à l’automne, de nuit et désinhibante.
« Je n’y vais pas ce soir, je suis mort.. »
« Tu ne sors pas ? Moi si. J’ai promis aux De Prey qu’on les retrouverait là bas à 23 heures »
Ce que Van pensait de l’abandon de ces nuits, ni lui ni elle ne s’en inquiétèrent. Ressentait-il au moins la même jalousie, la même morsure amoureuse qu’elle ne prenait la peine de sentir qu’aux instants minimaux de sa sobriété ? L’aimait-il, au moins, ou ne le disait-il que par amour du romanesque ? Le vacarme tragique de la fin de l’automne était-il une preuve d’amour, de désamour – ou juste une autre incurie de sa part, une ambiguïté commise au sens ? Aucun de ces doutes n’était en jeu du temps où quelques images anémiées étaient les seuls dévoiements que donnaient la réalité – un verre de champagne, nerveux dans sa main, la robe toute particulière de Cordula de Prey, bleue, ondulatoire, une fille qui passe, tourne la tête en l’entendant parler, et la dévisage avec des yeux verts et moites – c’était un peu avant que  Cordula ne lui envoie ce message… Quel mensonge, il n’y a pas tant de déshérence dans ces images qu’elle reprend et endeuille désormais avec une logique tourmenteuse.  Mais ce ne sont pas ces preuves là qu’elle revient maintenant chercher sans gloire au fond des bois, et quant aux tendresses d’Ivan, ses charming girl, ils ne sont peut-être que les alibis de lacunes affectives dont elle ne peut plus connaître la réalité.
« Tri lili, tri lili… lili tri na magile bez krezta »
Comment la mort peut-elle être de retour et enfumer à nouveau de son ironie ce qui devait à Ada d’être indubitable ? Et si la mort était la première fois le produit d’un rêve cuivré et fashionable d’Automne, comment est-elle si conséquente, comment suit-elle Ada jusqu’aux saisons les plus réelles ? Elle ne peut même pas s’en souvenir en entier, et pourtant la mort est présente,  revenue lourder sa tête de plomb et des lilies de cet air de Chostakovitch qu’elle écoute avec une détresse toute administrative – comme si la mort lui était une sœur plus intime que cette Ada de roman !
«Lulu je te trouve pas, viens tout de suite au puits »
Peuvent-ils avoir encore raison ces quelques mots ? Peuvent-ils avoir raison des ronces qui cisaillent sa mémoire, de la même façon qu’ils eurent raison d’elle l’automne dernier ? – avec un monopole si soudain sur la vérité que ce ne fut pas une Ada froissée et nubile qui courût jusqu’au puits, mais sa noire petite sœur, fille du désespoir, la secourable Lucette Zemski, retirée à cet Automne-là pour son immaturité, ramenée à celui-ci par les feuilles tombées que feignent ses longs cheveux roux, par son plein droit.  Et ne fût-ce pas le nom de Lulu que psalmodia le funèbre essaim qui s’était trouvé près des lieux du drame, ses bras cuivrés que touchèrent des mains froides, désolées ? On avait trouvé Van mort sous un arbre, les narines encore roses et enflées, inexplicablement teint en blond platine. Lucette, qu’on serrait par l’épaule, pleura derrière ses lunettes noires. 


Ecrit en Juin 2010

Méry sur Oise, Hôtel F1

"Et les citrons amers où s'imprimaient tes dents"



...

Que ce rivage et toi vous disputiez ma part
De feu et de violence ne saurait la faire taire
Ni empêcher que brillent à l’auvent de ma chair
Les sophismes du Styx plus luisants que du fard !

Toi l’unique convive d’un tort qui te chasse
A l’orée de ces yeux où la lumière s’arrête
Vois encore par eux le mouroir de mes gestes
Et la loge sordide du drame qui s’y passe.

Pour qui verse mon cœur dans ce tort dont l’usage
Est boire dans l’alcool un syncopé de givre
Et mordre chaque soir à l’ivresse qui délivre
En ses rapides dorures l’amer et ses carnages?

Est-ce pour satisfaire les orgueils des lys
Que j’ai ceints à mon front comme seule volonté :
Que l’on dépouille enfin de ses mérites abstraits
Le rire que l’on donne à mes singuliers vices

Est-ce pour que tu croies à un déséquilibre
D’où crie encore la bouche que l’on emplit de terre
Que le désir qui bée à la raison préfère
Des orties vénéneuses de plus large calibre ?

Vous délires-images forgées à ce reflet
Où la nuit brillamment prend la place du mort
Détestables idoles au sortir de mon corps
Que ne puissiez-vous être autres que ma cruauté !

Qu’importe la pénitence des raisons que tend
Ce qui prise chez moi à couvert de douleur
Si je ne puis ourler la clairière de ce cœur                                                    
Qui de mes hurlements est l’éternel absent !


Ecrit en Août 2010
John Cale - Dying on the vine

The broken time

"Et elle lui disait qu'elle était sa femme et sa servante, plus basse que l'herbe, plus lisse que l'eau"
(Cohen - Belle du seigneur)






Elle m’attend au fond du couloir
Son ombre grignote un bout de cœur à ses lèvres
Ses mains fraîches cherchent la froideur du marbre
Elle a un air tendre et malade
Il n’y a rien que je ne puisse faire à une âme en papier
Tracer ses excuses au fond de sa gorge
Dessiner le mouvement de son désir, ou le dévier de l’imaginaire
Comme on souffle sur une girouette pour éviter qu’elle ne se prenne aux clous des tempes.
D’une main molle, toucher ou mordre.
Je la regarde par où le regard ne me compromet pas
Un voile mobile de cheveux sans lumière, un cerne bleu autour de son visage,
Hors de sa bouche une respiration qui la gêne comme le chiffon dont l’on colmate un point d’orgue.
Déjà la neige a moulé un corps mort autour de sa trachée,
Et pour cet enfant de givre elle rétracterait le présent,
Jetterait l’éponge dans l’évier sale de l’éternité.
La surprendre
Poser ma bouche sur son épaule
Ou mon pouce sous son visage –
La vérité, c’est qu’elle me dégoûte un peu.

Une image chemine en moi que je ne distingue qu’incandescente
Qu’une fois l’heure de vérité brillante entre mes paumes
Images-feuillets dont l’on a entouré mon cœur
Changent mon cœur en fumée noire dans la clarté des réverbères
Et glissent dans mes mains brouillées la main qui frappe la main qui flatte
Parmi les vêtements, les oranges, les valises,
Au comble de moi-même
Mes doigts cherchent l’image de la mort.
Mais toi -
Toi, je te désarme à chaque image,
Je te tourne le dos– et aux interférences du présent,
A cette lumière sans sillage
Tu n’es présent qu’aux feux du soir,
La buée aux yeux, les cendres du jour dans la gorge,
Un reste de café brillant à l’intérieur des lèvres
Lorsque mes paupières tremblantes ne te devinent
Qu’à la hauteur de mes épaules
Le vasé brisé, les tâches de lait éclatantes sur mon visage,
Le droit de tomber entre chacun de tes gestes dans la rue qu’éclaboussent les canaux
Mes yeux tournés vers le sol comme une bête, comme une soularde
Je bois ton sang amer à même la paume.
Je veux que ce mirage ait un corps que j’étreigne.

Je ne suis pas sûr de celle dont les lèvres ont la couleur du cuivre,
Brûlées par la coulée d’une neige amère,
Son visage se dérobe à l’ivresse conciliante
Que je tends sans l’oser tendre,
Vers son menton grave et qui se tait.
Je n’embrasse pas ces lèvres brunes, cette peau sale
Ces yeux désertés que seul élucide –
Une image, une fiction, un enfant mort
Qu’elle fait jouer entre ses bras et qui lui brise les genoux.




Lamento di Arianna

vendredi 26 février 2010

Animal de compagnie







But oh! that deep romantic chasm which slanted
Down the green hill athwart a cedarn cover!
A savage place! as holy and enchanted
As e'er beneath a waning moon was haunted
By woman wailing for her demon-lover!”
Coleridge – Kubla Khan
 





















Je veux qu’il fasse toujours nuit en moi !
Soyez un peu fantasques, mes yeux, mes lâches et déclinants seigneurs,
Retirez vous.
Mes épiphanies ne sourdent que dans le bois de mes paupières.

Évanouie un soir, j’ai vu
Une seule montagne ferrique et hallucinée
Tranchée par un poignard tombé depuis                                       
Dans le creux de son abîme :
Un lac bleu et gelé, resserré sur lui-même
Comme une sombre murène ou un suaire farouche.

Sa surface est froide, inconsciente de moi,                             
Luisante - l’œil blanc et révulsé d’un rêve
Occupé aux transes d’un hôte antique
Son premier et cher rêveur.
Des fleurs s’y veinent, tendres, gratuites,
Et étrangères – Et le tunnel de leurs racines
Fore la glace
Épuise et boit les eaux latentes à l’intérieur.

Et mon intuition interdite
Écoulant son venin tout au long de leurs tiges
Le pénètre et le sature
Comme l’ombre du dormeur, revenant dans sa gorge
La peuple de toux.

Des sirènes englouties… !
Des épaves et des haches enfouies à l’oblique
Des palais, des enclaves, des caves originelles
Des lourds précipices
Crépuscules scéniques aux lampes précédant
Les poissons souterrains qui passent entre les eaux.

En m’éveillant mon amour, d’un éveil encore intérieur
J’ai vu dans ma tête l’eau de ton œil durcir
Comme bleui de mes coups,
Et j’ai détruit toutes les lumières du plafond de ma chambre
Pour faire taire leurs terribles cris
Ils résonnaient toujours quand la main qui hante sous ma peau
Baissa les nénuphars de tes yeux.



mercredi 24 février 2010

Berceau de songes creux



Je suis l’inclinaison inévitable de ma défaite
J’ai laissé couler mes cheveux le long de mon échine
Et les yeux de mon visage sont tombés de leurs trous

Comme deux oiseaux peints,
Puis tout mon corps est descendu, en une pente lente et courbe]
Jusqu’au bout de moi, jusqu’à… –




J’ai glissé mon âme au fond de mon corps laissé à terre,

Avec beaucoup de tendresse et beaucoup de sérieux
Et, mue de serpent sur le sol humide,
Il lui a fait un placenta d’eau,
S’est lové autour d’elle,

Son intime trésor.

D’un amour qui est comme un reptile
Enroulé sur moi-même, et à chaque tour qu’il fait
Tes yeux s’entrouvrent sous ma peau
Tes pupilles s’éclairent
Et m’illuminent
Et un peu de mon être choit

Dans un cendrier d’argent fendu
Qui laisse passer ta lumière

Alors, qui suis-je ?
Quelqu’un se meut et se meurt
Dans cette suite involutive –
Et n’est déjà plus personne,

Plus rien d’autre qu’un cierge
Consumé à ton adoration

Alors,

Je te suis en toi, je me glisse
Et me couche au fond de toi,
Comme si j’étais l’un de tes longs amants
Oubliés là, un de tes recoins sombres
Je t’aurai,

Je te mourrai de l’intérieur


dimanche 21 février 2010

Insolation intime

Je ne suis plus ni moi ni calme
Si tes regards lourds et coulants
Ne se déversant dans mon âme
Me condamnent à la réclusion

En ton insolation intime,
J’aurais voulu que tu m’inspires
J’agonise dans un abîme
Assez troublant pour t’éblouir

Quel drame ou quelle manigance
Puis-je encore faire pour t’abuser
Te donner l’illusoire croyance
De nos altérités mêlées ?

Quel droit clamer sur une vie
Dont je suis l’unique bourreau ?
La terre inclinée m’attendrit
Ce vaste et glorieux tombeau

Le soir une étrange mi-morte
S’enfante dans le cuir des rues
S’enfonce en une transe qu’avorte
Le jour luisant et reparu

Ne crois pas que je n’t’aime plus
Lorsque je tente d’épuiser
L’air sale qui est contenu
Dans des corps extenués

Mais ma détresse irrésolue
Que tu effraies et perpétues
N’a pas trouvé meilleure feinte
Que ces éphémères étreintes.



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